Du daguerréotype au Kodacolor
Updated on / dernière mise à jour : 12/09/2023
En 1839, Daguerre et Talbot inventent un appareil photographique qui révolutionnera la plupart des sociétés. Auparavant, les individus ont toujours perpétué leur mémoire à l'aide d'arts picturaux multiples, allant des simples dessins datant de plusieurs milliers d'années retrouvés à l'intérieur de grottes, aux peintures élaborées de la Renaissance qui soulèvent des thèmes fort variés culturellement. Grâce au daguerréotype, il devient possible de figer le temps et l'événement sur une plaque quelconque, phénomène qui, incroyable pour l'époque, deviendra populaire très rapidement.
"L'atelier de l'artiste" : daguerréotype de 1837 réalisé par l'inventeur du procédé,
Louis Jacques Mandé Daguerre (Société française de photographie).
En 1840, les premières photographies domestiques québécoises sont prises dans la Vallée du Saint-Laurent, mais sont alors assez dispendieuses et nécessitent un temps d'exposition très long. Grâce à des innovations technologiques faisant souvent appel à des produits chimiques, l'on réussit assez rapidement à réduire le temps de pose ; dès 1850, la photographie nécessite quelques secondes et les individus moins aisés ont aussi accès à ce média qui devient plus abordable. Les images sont alors produites sur une plaque de cuivre argentée et polie, et disponible en divers formats : plaque de 16.5 X 21.5 cm, demi-plaque, quart de plaque, sixième de plaque et neuvième de plaque.
Dès 1860, le daguerréotype est remplacé par des appareils ambrotypes et ferrotypes qui permettent la diffusion à large échelle de la photographie. Toutefois, certains problèmes subsistent, tels l'effet miroir, une complexité du procédé et un coût parfois élevé, mais l'apport d'ingénieuses techniques (le calotype, l'utilisation de l'albumine d'œuf, le support en plaque de verre, etc.) va graduellement rendre l'appareillage plus souple, moins lourd, plus efficace et d'une qualité de plus en plus notable. D'ailleurs, l'industrialisation fait vite de s'emparer du marché des plaques de verre. À partir de 1880, c'est la Stanley Dry Plates de Montréal qui fournit ce genre de production aux Québécois. L'on voit même apparaître des diapositives sur verre, parfois retouchées, à la main, de couleurs variées servant pour la projection à l'aide de lanternes magiques.
Garnies de ferrures et d'objectifs en laiton, le bois exotique est utilisé pour construire les appareils du siècle dernier; la beauté artistique est aussi importante que les complexes mécanismes photographiques, et même les photos sont encastrées à l'intérieur de boîtiers luxueux afin de préserver les précieux souvenirs.
Propre à l'ère industrielle et à un marché de consommation en pleine expansion, notamment au Québec, l'on aperçoit de nombreux studios de photographie profiter de la forte demande en offrant leurs services de photographie. L'apparition de la carte de visite (8.5 X 6 cm) est d'ailleurs une mode populaire de par le monde, qui touche le Québec dès 1861, et qui sert même aux photographes qui s'en servent à des fins publicitaires : il n'est pas rare de retrouver, au verso de la carte, l'adresse commerciale ainsi que le logo stylisé du studio émetteur. Ce sera également le cas avec la carte stéréoscopique qui, elle, est un objet familial, ludique et également de collection, qui permet une imagerie en trois dimensions qui fascine les gens. Les images qu'on y retrouve sont de tout acabit et de régions mondiales variées; il s'agit d'un passe-temps en grande demande. L'on retrouve également des cartes mortuaires et des médaillons qui arborent des photographies significatives et commémoratives.
De tous les genres photographiques, la carte postale est vraiment le médium le mieux adapté à la découverte de notre planète. Ainsi, à une époque d'industrialisation et de commercialisation des produits, et d'ouverture sur le monde, la carte postale se veut le prolongement imagé de cette internationalisation qui s'éveille. Après 1895, pour un tarif d'un cent pour une carte postale privée non timbrée ou gouvernementale prétimbrée, il s'agit d'un moyen pratique et peu coûteux d'être en contact avec des images de multiples horizons. D'ailleurs, la carte postale illustrée telle que nous la connaissons actuellement nous vient directement des débuts du siècle. La production de cartes postales engendre même l'ouverture de plusieurs industries spécialisées dans sa confection au Québec : J.G.A. Gagnon de Waterloo, J.O. Dubuc de Victoriaville et Richard et Coulombe de Nicolet en sont de fiers représentants, parmi plusieurs autres.
Mais la photographie et la publicité ne profitent pas qu'aux artisans, car être mis en image devient, pour les gens reconnus (politiciens, religieux, artistes, scientifiques, etc.), une marque de reconnaissance populaire. Suite à cette prolifération du média photographique, un vaste public de consommateur s'empresse de collectionner leurs photos et de les mettre en évidence dans certaines pièces de la maison.
Carte postale propre aux "Folies-Bergères" (Walery, c. 1900).
À vrai dire, les années 1880 vont littéralement révolutionner le jeune art que constitue la photo; suite à l'invention d'un support plastique par Eastman et Reichenback, remplaçant le support de verre, le Kodak no 1 fait son apparition vers 1888 et inclut un rouleau de cent poses. Cette révolution technologique, impossible sans la société industrielle, permet à la photographie de devenir un loisir collectif, un moyen de documenter la vie domestique et d'apprivoiser l'art !
Quant à l'approvisionnement en appareillage photographique, les Américains alimentent, dès 1860, notre marché d'appareils de toute sorte. À Québec, J.-E. Livernois vend même le Kodak no 1 dès sa sortie sur les marchés, et quelques années plus tard, il n'est rare de voir certains marchands louer les appareils. Bref, en cette fin de XIXe siècle, faire de la photo devient une activité pour Monsieur Tout-le-monde.
Avant 1903, les photographes colorent parfois leurs œuvres à la main afin de vivifier l'image. Avec l'invention de la plaque autochrome par les frères Lumières au début du siècle, un procédé commercial en couleurs fait son apparition, alors que d'autres procédés sont inventés tout au long de la première moitié du XXe siècle afin d'ajouter la couleur aux photos : le kodachrome en 1935, l'Agfacolor en 1939 puis le Kodacolor en 1942, entre autres. D'autres innovations modifient et favorisent le développement des appareils de photographies : c'est le cas de la lampe électrique, le fameux flash inventé en 1931, qui permet de figer dans le temps des actions rapides, bien souvent associées aux domaines sportifs ou culturels.
Appareil photographique Kodak daté de 1921 (brevet original en 1913).
Enfin, ce que l'on constate en cette fin de XIXe siècle, c'est la prolifération des inventions qui visent à reproduire non plus que des images, mais aussi des sons. La mécanisation des instruments permet d'en arriver à des résultats impensables quelques années plus tôt. L'on voit donc apparaître le téléphone de Bell en 1875, le phonographe d'Edison en 1877, puis le dictaphone en 1890, tous des inventions qui favorisent les échanges domestiques et commerciales, directement issues de la lignée du modernisme.
L'innovation technologique permet aux inventeurs de tirer de larges profits de leurs réalisations et de s'imposer au marché mondial. C'est le cas du gramophone de Berliner (1889) qui supplante tous les autres types d'appareils et qui se sert des possibilités techniques de l'époque : l'on voit donc des tourne-disques à ressort et manuels rapidement emprunter les moyens électriques pour fonctionner. Ces inventions sont importantes à l'industrialisation, car elles nécessitent plusieurs industries qui produisent ces appareils tant demandés. Montréal devient ainsi un pilier de la production musicale en Occident. Grâce à de grandes chaînes de magasins telles Eaton, Simpson et Dupuis, les appareils nouveau genre sont facilement écoulés et répondent aux besoins du marché. Bientôt, la radio puis la télévision entrent en scène et transformeront, à nouveau, les plus grands projets de reproduction auditive et visuelle en réalité concrète. La planète, au XXe siècle, se globalise de plus en plus !
Robert Radford, M.A. ©1999, 2023
Vingt divers formats de daguerréotypes au XIXe siècle
Chacun de ces types de daguerréotypes est important car ils ont contribué à l'évolution de la photographie et ont ouvert la voie à de nouvelles formes d'expression artistique et documentaire. Par exemple, les daguerréotypes de guerre de Fenton ont aidé à populariser la photographie de guerre et ont eu un impact sur les conflits militaires modernes. De même, les daguerréotypes d'art de Le Gray ont été reconnus pour leur qualité esthétique et ont influencé les mouvements artistiques de l'époque.
En somme, les daguerréotypes ont été des outils précieux pour capturer des moments de la vie quotidienne, documenter des événements historiques et sociaux ainsi que pour créer des œuvres d'art originales. Chaque type de daguerréotype a apporté sa contribution à l'histoire de la photographie et a influencé les pratiques photographiques modernes. Ils ont permis aux gens de capturer le monde autour d'eux avec une précision inégalée et ont façonné notre compréhension de l'histoire, de l'art et de la culture.
Autoportrait (1839) – Louis Daguerre :
Le premier daguerréotype connu est un autoportrait de Louis Daguerre pris en 1839. Il montre la capacité du daguerréotype à capturer les détails les plus fins du visage humain.
Référence de l'image : Wikipedia, <https://en.wikipedia.org/wiki/Louis_Daguerre>.- Paysage (1840) – William Henry Fox Talbot :
Talbot est crédité de la prise du premier daguerréotype de paysage en 1840. Le daguerréotype capture les détails des scènes naturelles. - Architecture (1840) – Charles Nègre :
Nègre est crédité de la prise du premier daguerréotype d'architecture en 1840. Le daguerréotype capture les détails complexes de bâtiments. - Portrait de groupe (1842) – John Plumbe Jr. :
Plumbe est crédité de la prise du premier daguerréotype de groupe en 1842. Cela montre la capacité du daguerréotype à capturer plusieurs sujets dans un seul cadre. - Portrait de mariage (1842) – Clifford et Robinson :
Clifford et Robinson sont crédités de la prise du premier daguerréotype de mariage en 1842. L'utilisation du daguerréotype est dès lors apprécié dans le cadre de célébrations et d'événements sociaux. Portrait d'enfant (1842) – Mathew Brady :
Brady est crédité de la prise du premier daguerréotype d'enfant en 1842.
Référence de l'image : Art Institute of Chicago, <https://www.artic.edu/artworks/207455/untitled-portrait-of-a-child>. Cette photographie de Brady n'est pas nécessairement son premier daguerréotype d'enfant.- Portrait d'animaux de compagnie (1842) – William Notman :
Notman est crédité de la prise du premier daguerréotype d'un animal de compagnie en 1842. L'utilisation du daguerréotype permet de capturer les animaux domestiques et leur lien avec les humains. - Scène de rue (1843) – Richard Beard :
Beard est crédité de la prise du premier daguerréotype d'une scène de rue en 1843. C'est alors la vie quotidienne et les scènes urbaines qui sont mises à l'avant-plan. - Paysage urbain (1843) – John Plumbe Jr. :
Plumbe est crédité de la prise du premier daguerréotype d'un paysage urbain en 1843. - Portrait de célébrité (1844) – Mathew Brady :
Brady est crédité de la prise du premier daguerréotype de célébrité en 1844. - Portrait en pied (1845) – Antoine Claudet :
Claudet est crédité de la prise du premier daguerréotype en pied en 1845. Le daguerréotype est dès lors utilisé pour capturer le corps entier d'un sujet. - Photographie scientifique (1845) – Jean Baptiste Sabatier-Blot :
Sabatier-Blot est crédité de la prise du premier daguerréotype scientifique en 1845. Le daguerréotype fait alors son entrée dans les domaines de la science et de la recherche. - Portrait de famille (1846) – Richard Beard :
Beard est crédité de la prise du premier daguerréotype de famille en 1846. Ce sont alors les relations familiales et les moments de vie ensemble qui sont représentés par la photographie. - Nature morte (1847) – Roger Fenton :
Fenton est crédité de la prise du premier daguerréotype de nature morte en 1847. Les objets inanimés sont alors capturés avec une grande précision. - Photographie d'art (1851) – Gustave Le Gray :
Le Gray est crédité de la prise du premier daguerréotype d'art en 1851. - Photographie documentaire (1855) – James Robertson :
Robertson est crédité de la prise du premier daguerréotype documentaire en 1855. Cela permettra dès lors de documenter davantage des événements historiques et sociaux. - Photographie de guerre (1855) – Roger Fenton :
Fenton est crédité de la prise des premiers daguerréotypes de guerre en 1855 (lors de la Guerre de Crimée).
Référence de l'image : All World Wars, <https://www.allworldwars.com/Crimean-War-Photographs-by-Roger-Fenton-1855.html>. - Photographie de nu (1856) – Félix-Jacques Moulin :
Moulin est crédité de la prise du premier daguerréotype de nu en 1856. - Photographie publicitaire (1858) – André Adolphe Disdéri :
Disdéri est crédité de la prise des premiers daguerréotypes publicitaires en 1858. La promotion des produits et services sera dès lors transformée à tout jamais. - Photographie de presse (1870) – Mathew Brady :
Brady est crédité de la prise des premiers daguerréotypes de presse en 1870. Le journalisme et la couverture d'actualités en seront de grands bénéficiaires.
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